dimanche 31 mai 2015

LES FANTOMES DE BLOOMSBURY: SISSINGHURST

Sissinghurst nous ramène à l'époque de l'entre-deux guerres et au mouvement littéraire et artistique de Bloomsbury.
On y évoque les noms célèbres de Vita Sackville-West, sa propriétaire et conceptrice des jardins, de son époux Harold Nicolson, de son compagnon l'architecte Lutyens. L'ombre tutélaire de Gertrud Jekill plane et Virginia Woolf n'est pas loin...
Dans ce milieu aisé et intellectuel a été conçu le domaine de Sissinghurst.
L'entrée est gardée par une tour impressionnante au sommet de laquelle on peut monter, si on veut bien attendre le feu vert de la dame qui surveille le nombre de personnes présentes en même temps. C'est vrai qu'il vaut mieux éviter les bousculades dans le minuscule et abrupt escalier en colimaçon.
D'en haut, on peut découvrir une vue panoramique des jardins en circulant sur une petite terrasse.

 Malheureusement, les photos de l'intérieur sont interdites, et si vous voulez voir la merveilleuse bibliothèque, il vous faudra vous rendre à Sissinghurst.
En revanche, voici les omniprésents séchoirs à houblon. Dans la campagne, on en rencontre sur toutes les routes, la plupart transformés en habitations de charme. 
 Redescente au niveau jardin; la dame au compteur me décompte et fait entrer de nouveaux visiteurs.
Le premier carré dans lequel je me rends est tout de rose vêtu.
Je trouve qu'il n'y a pas plus joli qu'un mur de briques pour mettre en valeur un rosier, et le beau Rosa Anemonoides qui prend ses aises en est le témoignage.
Le mur offre aussi chaleur et soutien à un figuier. Un peu tôt pour les figues!
 La pièce la plus célèbre de Sissinghurst, celle qui a fait une grande partie de sa renommée, c'est le jardin blanc. Le concept de jardin unicolore a fait de nombreux petits, jardin bleu, jardin rose, mais le plus connu et qui a été souvent imité est le blanc. 
Les tulipes sont encore en fleurs, et déjà les valérianes et les lunaires les rejoignent.
Le vert tendre des matteucias struthiopteris ne dénature pas l'ambiance lumineuse
Feuillages et fleurs sont à l'unisson: stachys et cistes.
Même les centaurées sont blanches et non pas bleues. Mais la pièce maîtresse est sans conteste d'après moi le Pyrus Salicifolia Pendula. 
Comme j'ai rêvé devant les photos de cet arbre magnifique dans les magazines de jardinage! 
J'en ai tellement rêvé que j'en ai installé un chez moi.
Dialogue à la jardinerie:
moi:    - Vous n'auriez pas de poirier à feuilles de saule?
la vendeuse (comme en s'excusant)   - Si, mais c'est un pleureur.
moi:  -Voyons à quoi il ressemble.
Et la petite merveille a atterri dans mon jardin!
La première année, il m'a fait très peur en perdant ses feuilles dès le début de septembre.
La deuxième année, il ne les a perdues qu'au début octobre, et je pense qu'il lui a fallu ce temps pour s'habituer à mon terrain, disons, un peu difficile. Maintenant il se comporte très bien, pousse à petite allure mais régulièrement. 
Mais revenons à Sissinghurst.
Les amateurs de greffe ont été ravis par la double haie de tilleuls tous reliés par leurs branches greffées d'un arbre à l'autre.
 Tandis que sous les frondaisons des arbres et sur un tapis de fougères une statue en tenue de camouflage a adopté la couleur qui est de mise dans ce tunnel de verdure.
Les petits iris émaillent tous les jardins, et comme c'est ma fleur préférée je me suis lâchée avec mon appareil photo.

Oh! Mais que vois-je le long de cette allée de gazon (interdite d'accès hélas!)? Ne serait-ce pas une glycine blanche?
 Une Glycine en effet, Wisteria Venusta, à tomber à genoux! 
Un tronc extraordinaire, une puissance impressionnante qui se tord sous l'effet de sa propre force, et qui balance dans l'air doux des  grappes lumineuses, blanches et odorantes.

J'aurais pu rester là des heures, à la contempler et la respirer.
Pour moi, après une telle vision, plus rien n'existe, aussi j'arrête là ma visite à Sissinghurst.

Sachez seulement que pour me remettre de cette émotion, j'ai rendu hommage à la pâtisserie anglaise lors d'un arrêt à l'ancienne ville thermale de Tunbridge Welles.

La suite au prochain épisode!












jeudi 28 mai 2015

UN MYTHE DANS LES JARDINS ANGLAIS: GREAT DIXTER

Oui, c'est bien un jardin mythique que celui créé par Christopher Lloyd. Dès mes premiers "Ami des Jardins", à une époque où j'habitais en appartement, j'ai pu rêver sur des reportages présentant cette conception naturelle du jardin. Comme elles étaient audacieuses, ces prairies non fauchées, à une époque où on n'imaginait pas un jardin sans son "green" de golf.
Christopher Lloyd, une silhouette bien connue des jardiniers
Et me voici devant l'entrée de ce jardin! L'émotion est au rendez-vous, mais je ne perds pas le réflexe photo pour autant!
Le vieux manoir à colombages nous accueille, à proximité des séchoirs à houblon omniprésents dans la campagne environnante. 
Les massifs sont bien différents de ceux que nous avons vus jusque là: un joyeux fouillis règne et les mélanges rappellent ceux que compose la nature. Le charme opère, on se sent transporté dans une sorte de paradis retrouvé.
On imagine ici des cris d'enfants, des jeux. Si vous avez vu et aimé comme moi le film "Le Jardin Secret", je peux vous dire que j'y ai pensé souvent devant ces scènes qui semblent imaginées par l'homme, mais réalisées par la nature. (A moins que ce ne soit l'inverse?)
 Même les topiaires ont l'air de n'en avoir fait qu'à leur tête!
Le parlement des oiseaux, ou comment l'art topiaire se réconcilie avec la poésie:
 Great Dixter, ce sont aussi des scènes charmantes et des couleurs soigneusement associées tout en privilégiant un aspect naturel.
Et puis, voici les célèbres prairies, juste traversées par un sentier fauché qui permet la promenade au milieu des fleurs sauvages. L'ambiance est champêtre, bucolique; c'est un plongeon dans la campagne anglaise telle qu'on l'imagine au 18ème ou 19ème siècle. 
 On se croirait dans un tableau de Constable.
A moins que ne ce soit du Monet?
L'ensemble incite à la rêverie, à la contemplation; d'ailleurs les coins les plus propices sont occupés.
 Et là, c'est Hugo qui me vient à l'esprit, et comme lui je me dis qu'
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes...

Mais au lieu de cela, l'humanité, vous savez comme moi ce qu'elle fait de la vie et des beautés qui nous entourent. Il suffit d'allumer sa radio pour avoir des échos d'un monde bien différent de celui-ci qui est  fait de paix, de tranquillité et de silence troublé seulement par le chant des oiseaux.

Au revoir, Great Dixter. Quel bonheur d'avoir découvert ton charme hors du temps!

mardi 26 mai 2015

PETITE ESCAPADE DANS LE SURREY: WISLEY GARDENS

J'attendais avec impatience la visite des jardins de Wisley, en raison de la présence de massifs conçus par le paysagiste  Piet Oudolf, dont j'aime beaucoup le travail.
Mais ce n'est pas par là que commençait la découverte. Mon premier flash a été pour ... une glycine encore une fois! Celle-ci a attiré mon regard dès les premiers mètres dans l'enceinte, et elle était associée à une pivoine arbustine, Paeonia Rockii, de toute beauté.


Un immense verger se laisse admirer d'un point surélevé auquel on accède par un chemin en colimaçon bordé de pommiers conduits en cordons. 



Arrivée au sommet, je remarque en bas un arbre de forme curieuse, et me voici redescendue aussitôt pour aller le regarder de près. 
C'est un pommier palissé sur une armature constituée de cercles superposés, ses branches réparties de manière régulière en éventail sur les cercles. Une taille très sophistiquée lui donne une allure de sapin de Noël ou de de jouet.
                           
J'ai passé un long moment à me promener au milieu des fruitiers impeccablement taillés, car, depuis que j'apprends à la réaliser, la taille est une opération qui m'intéresse beaucoup.
La large allée de gazon descendant de la butte à la serre est bordée de part et d'autres par les massifs de Piet Oudolf. 
Malheureusement, ainsi que je le craignais, la saison était trop à son début et les plantes n'avaient pas atteint une taille permettant de donner tout leur effet. 
J'ai cependant, et pour la même raison, pu observer en détail la répartition des plantes, leur espacement, les effets de masse recherchés, et ça m'a beaucoup intéressée.


L'étiquetage très complet permet de se repérer et d'imaginer l'aspect dans l'été.
Plus bas, autour du bassin, les floraison étaient plus avancées.

Iris et graminées sont un duo gagnant à tous les coups!
Sur un mignon petit pont de bois, des parents prenaient leur fille en photo au milieu des fleurs de glycine, et tous les passants s'arrêtaient pour les regarder tellement la scène était tendre. Ils se souriaient avec bonheur; on sentait l'amour qu'ils se portaient, et ça donnait un grand sourire aux promeneurs. 
Magnifique quoique moins touchant, voici le bâtiment qui s'ouvre sur le jardin, avec ses guirlandes de roses s'épanouissant tout juste, grâce à la protection des murs. 
Wisley est un jardin magnifique, cependant je recommanderais une visite plus tard dans la saison, voire en fin d'été, surtout pour les amateurs de vivaces.

Et maintenant, un peu de repos avant les deux jardins qui m'attendent le lendemain!