En ces temps de grisaille, de froid qui s'installe, de jardin morose, j'ai envie de rendre un hommage aux géants mal-aimés des pouvoirs publics, des riverains, des municipalités, des possesseurs de piscine, des entreprises de travaux publics, des ... Bon! J'arrête là ma litanie, et place à nos amis les arbres.
Quoi de plus charmant qu'un paysage campagnard où leur ombre légère s'étire sur les talus fleuris de jonquilles au sortir de l'hiver?
Leurs racines puissantes plongent dans les berges des ruisseaux, parmi les herbes blanches d'avoir passé tant de mois sous la neige.
On peut s'imaginer qu'en levant les yeux on verrait en entier l'éléphant dont la patte énorme repose entre l'herbe et les jacinthes sauvages.
Leur immensité peut paraître écrasante mais moi, je pense surtout avec reconnaissance à toutes les générations de propriétaires de ce parc qui se sont dit au fil des siècles : "On ne le coupe pas."
Ils ont vu en lui l'ami chanté par Brassens, au pied duquel on se sent si heureux.
Une petite pause méditative?
Même de modestes pins sylvestres peuvent avoir le sens de la mise en scène.
Assemblée de vieux sages. Depuis combien de temps conversent avec de grands gestes ces trois hêtres aux troncs d'étain lisse et doux?
Par une froide journée d'hiver les pièces d'or des bouleaux pleuvent devant un ciel d'outremer. Klimt a-t-il vu cela avant de peindre sa Danaé?
Et puis, pour rester dans une ambiance de légende, on s'attend à voir surgir le tsarévitch Ivan chevauchant un loup.
Pour moi, la promenade idéale où on évacue tous ses soucis, tout son stress ou son mal-être, c'est une promenade en forêt.
Arbres, je vous aime!
