mardi 27 octobre 2015

UNE LEÇON DE TAILLE

La Bretagne est terre de jardins, comme chacun le sait, et les manifestations sont légion autour des nombreux espaces verts et fleuris que recèlent nos paysages.
Le weekend denier, c'était l'opération "Scènes d'automne au jardin", qui invitait à assister à des manifestations artistiques dans des jardins de particuliers.
Mon choix s'est porté, un peu au hasard, sur l'Atelier à Perros-Guirec. 
Il s'est avéré que le propriétaire de ce jardin, Mr Le Maut, est un spécialiste, que dis-je, une pointure de la taille des arbres et arbustes, et proposait une visite commentée de son jardin conçu comme une vitrine de son savoir-faire.
Chez lui, pas un arbre qui ne soit taillé avec soin, sans perdre de vue l'objectif de la taille: limiter sa hauteur, ou sa largeur, ou lui donner prématurément l'aspect d'un arbre adulte voire vieillissant. 
Pittosporum, chêne, juniperus, tout y passe! Mais attention: avec élégance et naturel.
Il a imaginé de formaliser des méthodes de taille adaptables à n'importe quelle plante en fonction de sa forme et sa croissance. Pour cela , il s'appuie sur les 16 types architecturaux identifiés par Francis Hallé (bien connu du grand public pour son radeau des cimes) dans lesquels on peut classer tous les végétaux poussant sous nos climats tempérés.
Il n'y a pour lui pas d'arbre impossible à tailler. Pour limiter la hauteur des pins maritimes, il préconise un ébourgeonnement à la main branche après branche. Long et délicat à réaliser? C'est vrai, mais c'est pour cela qu'il insiste sur le projet que l'on a pour son jardin. Si on souhaite accueillir ou conserver un arbre de grand développement sans nuire aux autres plantes ou à sa maison, c'est un travail que l'on se doit de réaliser. Ce n'est pour lui pas plus contraignant que de tondre sa pelouse. C'est juste une question de choix.
C'est ainsi qu'un cèdre présente un aspect tout à fait inhabituel après des années et des années de taille.
Sa ramure aérée ménage la luminosité et lui permet d'accueillir à son pied un camelia sasanqua, en fleurs à cette époque, qui mêle ses branches à celles du cèdre.
Résultat étonnant, non?
Pour se faire la main, Mr Le Maut nous conseille de nous attaquer à un banal saule comme il en pousse partout dans les haies et les fossés de la région.
Voici ce qu'il a fait d'une tige élancée qui émergeait d'une boule de buis. L'avantage du saule est sa pousse rapide et constante qui permet d’intervenir 4 fois dans l'année pour sa mise en forme.
Une plongée sous le dôme de feuillage qui s'élève à 1 mètre environ permet d'admirer le travail effectué sur la ramure.
Après ça, on n'a qu'une envie: attraper son sécateur et jeter son dévolu sur le premier saule rencontré au jardin! Comme chez moi ce n'est pas ce qui manque, je sens que je vais m'amuser.
Les techniques mises au point par notre hôte ont fait l'objet d'un livre publié par les éditions Ouest France et que je me suis empressée d'acheter.
 Il y résume brièvement mais de manière très intéressante l'histoire des jardins, avec un parallèle entre jardins occidentaux et orientaux; mais surtout c'est un manuel de taille abondamment illustré dont je devine qu'il va devenir ma bible.

J'ai le matériau et le matériel. Il n'y a plus qu'à!

BONNE SEMAINE AU JARDIN!




4 commentaires:

  1. ici c'est mon mari qui s'occupe du petit bois et des arbres du jardin, je lui ai offert il y a quelques années ce même type d'ouvrage, mais il n'a pas trop "accroché" à cette sorte de taille, il préfère laisser les arbustes et arbres dans leur jus, alors je m'incline! mais j'aime beaucoup cette taille de transparence, j'admire les arbres ainsi taillés dans les autres jardins!
    bonne chance à toi, bises du sud (pas beau auj!!)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aime bien également les arbres qui poussent en liberté, mais parfois la place manque. De plus, il faut reconnaître que les arbres et arbustes taillés par Claude Le Meut ne perdent rien de leur beauté naturelle. C'est toute la différence entre un artiste et un bûcheron. Bisous Catherine.

      Supprimer
  2. C'est très intéressant! Et je m'étonne de ne pas avoir vu ton article avant! J'ai laissé poussé mes buissons, bien trop occupée à tailler mes bonsais... Maintenant que j'ai abandonné cette partie-là pour des raisons de temps (tous les travaux à faire en même temps au printemps et à l'automne), je peux me consacrer à repenser mes buissons... Ce que tu nous montres est exemplaire!
    Merci et bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La démarche de ce monsieur est particulièrement intéressante, et il nous a longuement expliqué sa philosophe, ce qui le guide, sa conception du jardin, ses échanges avec les maîtres jardiniers japonais. Il était intarissable et passionné/passionnant.

      Supprimer